Fin du conflit à Uyuni

Écrit par Cyril   
25-06-2009
 

Le préfet est censé venir ce soir afin de présider la table des négociations avec les nombreux grévistes. Les touristes que nous sommes, pris en otages dans cette ville depuis trois jours veulent également se faire entendre et nombreux sont ceux qui se réunissent sur la place, devant la mairie, pour montrer qu'ils sont là, bel et bien présents.

Depuis trois jours, la ville est bloquée. Aucun véhicule ne peut en sortir. Tous les commerces sont fermés, leur propriétaire font la grèves. Les touristes souhaitant faire l'excursion dans le salar patientent sagement que les agences ouvrent et ceux l'ayant déjà effectué patientent en faisant les cent pas dans les rues que les guichets de bus leur vendent un billet leur permettant de quitter cette ville.

Nous faisons partis de ces deux catégories : nous avons déjà effectué l'excursion dans le Salar, 4 jours et 3 nuits. Très sympathique, mais le dernier jour, celui qui se passe effectivement sur le Désert de Sel était très nuageux, nous n'avons donc pas eu le grand émerveillement sur cette surface blanche surplombée par un ciel au bleu profond : pour nous, c'est blanc cassé sur blanc gris. Nous attendons alors le déblocage pour nous y rendre à nouveau, juste une petite journée, histoire de ne pas repartir avec un regret.

Dans la rue, des pétitions lancées par certains touristes tournent. Non pas pour râler sur leur sort d'otage, mais pour aller dans le sens des grévistes. Car l'objet de cette grève est finalement tout à fait légitime : Uyuni et quelques autres villes ne sont reliées entre eux que par des chemins non goudronnés. Il ne s'agit là pas de petits villages perdus au fin fond des Andes, mais des villes principales du centre de la Bolivie. Imaginez que pour relier Paris (La Paz) à Renne (Uyuni), ce soit du chemin caillouteux et qu'il faille 14 heures pour effectuer le trajet ! On comprend le raz-le-bol des professionnels du transport et des commerces qui en découle qui ne peuvent relier ces villes simplement et rapidement, causant un fossé commercial assez important entre les villes.

La raison de la colère ? Le gouvernement avait oublié de donner sa décision sur la réalisation des travaux à une date butoir puis se rattrapa en indiquant retarder les travaux promis de dix années !

La Bolivie est connue, comme la France, pour ces nombreuses grèves à répétition. Mais là, il est dit que les Boliviens en ont vraiment marre et que le mouvement actuel est très dur.

Évidemment, ça tombe sur nous !

Personnellement, il nous reste un peu mois de deux mois de voyage pour finir notre séjour en Bolivie et visiter le Pérou. Ce n'est pas quelques jours de blocage qui vont mettre notre programme en péril. Mais nombreux sont les touristes qui sont en vacances de quelques semaines seulement (2 ou 3) et qui ont un itinéraire chargé ou même un vol pour le retour qu'ils ne pourront finalement pas prendre. Alors que nous nous occupons à notre hôtel, les autres sont sur le qui vive sur la place principale, dans les rues, devant les agences de bus désespérément closes, à la recherche de la moindre information sur l'éventuel déblocage du conflit.

C'est enfin ce soir, à 17h, que le Préfet doit venir à la table des négociations et il se dit que s'il signe les accords, tout se débloquera, et très vite.

Je me rends alors devant la mairie où doit y avoir les négociations. Suis-je en retard ? Il est 17h10. Le Préfet est-il déjà arrivé ? Sur le parvis, tous les habitants de Uyuni sont présents, autant dire qu'il y a foule et les touristes sont également là. Une centaines d'entre nous sont bloqués depuis plusieurs jours. Il y en a qui le sont depuis 3 ou 4 jours, d'autres qui sont arrivés la veille qui ont donc pu entrer mais ne peuvent en sortir. Et il y a nous : cela fait une semaine, moitié de grès, moitié de force (tranquille).

18h, 18h30. Le Préfet n'est toujours pas là. Faudrait pas qu'il soit bloqué à un barrage. Il est dit qu'il est sur la route et qu'il arrivera d'ici un quart d'heure. Peut-être que si le bitume avait été réalisé, il aurait été là plus rapidement et peut-être à l'heure.

19h, certains ont entendu à la télé une communication téléphonique entre le Préfet et un journaliste. Il arrive d'ici une demie-heure. Il est escorté par 70 policiers, certains disent que cela risque de mettre en colère les grévistes.

Finalement, il arrivera tard dans la nuit, je n'aurai pas attendu sa venue. Deux heures de négociations. Il y avait d'ailleurs bien d'autres sujets que le seul bitume des routes. Nous pension que tout s'était débloqué dès la signature, mais en fait nous apprendrons plus tard qu'il ne s'agissait que d'une trêve de 24h... Des bus sont partis dans la nuit, d'autres le lendemain matin. Nous, nous resterons une journée de plus pour visiter le Salar. Quel contraste entre ville bloquée dont tous les commerces sont fermés et que l'on arpente tel un cow-boy arrivant dans une ville fantôme et cette même ville, animée par les différents restaurants qui étalent des tables sur la place en guise de terrasse, ces touristes qui se dévêtissent au soleil alors que nous sommes tous en polaire avec blouson à l'ombre.

Nous partirons sans problème le sur-lendemain en bus pour Potosi. Cinq heures pour parcourir les 200 kilomètres sur un chemin chaotique dans un bus où les vitres n'ont pas l'air solidement fixées et vibrent au rythme des cailloux faisant sursauter le véhicule.

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