La carte postale par excellence, celle qui fait rêver, qui est belle, romantique. Le soleil se couche à l'ouest (oui, même dans l'hémisphère sud), et sur la côte ouest de l'Ile de Pâques, peu de Moais sont debout. Ils sont même tous regroupés sur trois Ahu très proches les uns des autres au nord de Hangaa Roa, le seul village de l'ile. Les deux premiers Ahu ne comportent chacun qu'un seul Moai, dont l'un fut restauré avec ses yeux de corail. Le troisième Ahu supporte un alignement de 6 Moais.
Photographier un tel couché de soleil est très simple : l'objectif est de déclencher une prise de photo du paysage en contre jour afin de faire ressortir en ombre chinoise les Moais placés en premier plan devant un soleil couchant qui illumine de ses plus belles couleurs l'arrière plan nuageux. A tous les coup on gagne, et tel un joueur de poker, nous misons jusqu'à épuisement des cartes. Et à ce jeu, il est rare que nos appareils flanchent, le soleil finira par se coucher ; avec une paire de "set", il est difficile de faire autrement.
"Effectivement, le soleil se couche. Et c'est bô."
J'aurais eu l'occasion de photographier le soleil couchant à deux reprises, l'une avec Sam, l'autre en famille de retour de notre deuxième excursion en voiture. Le retour avec Sam à notre hébergement fut épique : sans lumière, j'ai dû utiliser celle de l'autofocus de mon appareil photo pour nous guider dans le raccourci qui a bien faillit nous mener tout droit, pour un rendez-vous avec le lever de soleil, c'est à dire, à l'autre bout de l'ile.
Figurez-vous qu'ici le soleil se lève à l'Est ! Comme un joueur de poker s'étant fait plumer la veille, le voilà de retour le lendemain matin, juste avant l'ouverture officielle et regonfler à bloc.
Mais pour le voir, cela demande un courage surhumain. Pour ceux qui se demande si nous effectuons des grasses mat' pendant "nos vacances", sachez qu'elles sont rarement au delà de 7h30 et que dans le cas présent, nos négociations avec le Soleil n'ont abouti qu'à 3 minutes de répit par rapport à la veille, une bien mince victoire qui nous fera donc nous lever à 6h03.
Nous emportons le petit déjeuner chaleureusement préparé par Antoine dans une glacière, et partons pleins phares à l'autre bout de l'ile, devant le site le plus remarquable par le nombre de Moias debout : Tongariki avec ses 15 Moais. La pluie fait son apparition pendant le trajet. Les nuages sont là, mais une mince trouée viendra rendre le spectacle fort sympathique. A défaut de voir directement le soleil, nous avons un ciel qui s'illumine de rouge orangé. Nous immortalisons le moment avec nos appareils photos. Un guide et ses 4 touristes ont fait également le déplacement, mais nous nous sentons seuls face à ces Moais réunis pour nous pour cet instant magique.
Perrine renouvellera l'expérience le lendemain matin en emportant avec elle Élodie et Benjamin. Ayant consulté l'oracle la veille je savais que le soleil avait posé un jour de congé et ai donc opté pour une grasse ma... heu pour veiller sur les enfants qui dormaient encore.
J'ai bien fait. Une nuit sans lune aurait été plus claire.
A revoir ces photos de couché et levé de soleil, j'ai du mal à réaliser que j'y étais. Oui, j'étais devant ces Moais, sur cette ile qui me semblait si éloignée, si inaccessible.
J'y étais, car à l'heure où j'écris ces lignes, nous n'y sommes plus.
Mais j'y reviendrais un jour.
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