Savarine, mon doux poison |
Écrit par Perrine | |
10-11-2008 | |
Ce que les infirmières françaises devraient apprendre des infirmières indiennes : le respect de la pudeur ! Comment puis-je vous le dire ? Et bien figurez vous que je sors aujourd'hui même de l'hôpital ! Rassurez-vous, tout va pour le mieux maintenant depuis qu'ils ont découvert que je suis allergique à .... la Savarine. Et oui, un produit bien de chez nous. Que des médecins "bien attentionnés" ont ABSOLUMENT voulut nous prescrire, et qu'il fallait ABSOLUMENT prendre sinon c'était à nos risques et périls (imaginez aussi le discours super culpabilisant de parents indignes si nous refusions d'en donner à nos enfants !). Et dire que nous ne voulions pas en prendre à la base. J'aurai dû suivre mon instinct. Déjà mon premier contact avec un antipaludéen n'avait pas été convainquant (le Lariam pris en 2000 pour la Guyane me mettant KO pour 2 jours avec vertiges, nausées, etc).
Pour le petit historique rapide :
Mardi et mercredi : petite grippette bien soignée avec mes gouttes, mais comme je perds de l'appétit quand je suis pas bien, mon estomac finit par me faire mal avec les médicaments que je prends.
Jeudi et vendredi : très grande fatigue et gastralgies accrues, mon estomac ne supporte plus rien, même les médicaments prescrits par le médecin indien jeudi matin.
Samedi, je décide de ma faire violence pour que nous allions visiter le Fort d'Amber. On ne va tout de même pas se cloitrer dans la chambre par une si belle journée -la dernière à Jaipur- pour une petite fatigue... en plus, mon estomac va un peu mieux... enfin, presque. La visite sera écourtée du fait de ma trop grande fatigue et d'un début d'apparition d'éruptions cutanés (le médecin nous avait dit de revenir samedi si la fièvre ne baissait pas ou s'il y avait apparition d'éruptions, et qu'il ne ferait de dépistage de la Dengue -ce que je redoutais au départ quand nous avions consultés jeudi- qu'à ce moment là). Le soir même, je retourne voir le médecin, il me rassure : cette éruption est rien du tout, je peux partir tranquille demain !
Dans la nuit de samedi à dimanche commence alors mon calvaire : un urticaire géant sur tout mon corps qui devient écarlate, que rien ne soulage (pas même 3 douches dans la nuit), et qui me brûle particulièrement le dessous des pieds et les paumes des mains.
Dimanche au petit matin, excédée par la douleur et après une nuit blanche, je m'habille en toute hâte et descends au salon sans pouvoir attendre Cyril et les filles. A peine la vieille dame me voit (tordue de douleur et ne pouvant refouler le prurit qui devient compulsif pour moi), elle appelle son mari qui enfile sa veste en marchant d'un pas décidé et qui m'emmène de suite chez le médecin (qui consulte en fait dans un petit hôpital situé au coin de la rue), j'ai à peine le temps de lancer à Cyril que j'y vais de suite, depuis le trottoir. La douleur n'a pas de barrière linguistique, la vieille femme ne parle pas un seul mot d'anglais, mais à tout de suite vu ma détresse.
Arrivée à l'hôpital, notre logeur se charge de trouver le médecin au plus vite. Ce dernier me demande si c'est sur tout le corps, il me prescrit de suite des injectables et une lotion à passer sur tout le corps. Les actions se suivent à une grande vitesse. On m'installe dans l'infirmerie, mon œil de pro me permet d'être rassuré de l'usage de seringues à usage unique (celle-là n'aura piquée que moi !). La douleurs s'accentue à la pose de la lotion sur le corps. C'est là que je me dis que le respect de la pudeur est là, en France les infirmière vous aurez mis en sous vêtement pour ça, là l'aide soignante et l'infirmière soulèvent à peine ma jupe longue pour recouvrir tout mon corps de la lotion. De même quand mes mouvements de douleur soulèvent un peu ma jupe et qu'on entrevoit mes mollets, elles sont toujours là pour replacer la jupe avec un sourire.
Notre logeur, qui s'est conduit comme un père inquiet de la santé de son enfant, va chercher Cyril resté à la Guest House pour s'occuper des filles. Les filles sont confiées aux femmes de la maison avec leur copine Tina, rien de telle qu'une matinée dessins animés, non ?
Le médecin est inquiet, il n'a jamais vu ça. Le teste de la dengue est négatif, c'est déjà ça, mais à quoi puis-je bien être allergique ? Je n'ai pas absorbé le moindre médicament depuis 4 jours ... sauf la Savarine, mais je la prends depuis 21 jours !
Le médecin m'envoie chez un confrère dermatologue qui travaille au plus gros Centre Hospitalier Universitaire de Jaipur, mais qui consulte en ville le dimanche. En moins de 2, notre logeur trouve un ami chauffeur, pendant que le médecin appelle son confère. Un quart d 'heure plus tard, je passe devant tout le monde, Cyril fini par sortir la boite de Savarine, le lien est fait !
Je repars pour l'hôpital avec une longue ordonnance, je passerai la journée à l'hôpital. En relisant le document fournit dans la boite (oui, il n'y a pas que les conseils de l'ordonnance, il y a ceux des boites aussi !), le lien aurait pu se faire plus tôt : ne convient pas aux personnes de moins de 50 kg, absorption accrue si troubles gastriques. Bref, avec des si !
Pour finir rapidement sur cet épisode, je suis finalement resté 25 heures à l'hôpital, j'ai donc passé la nuit là bas. Je vais beaucoup, beaucoup mieux, même si ça me grattouille encore un peu ! Nous avons eu tous très peur, y compris la famille qui nous accueille qui n'a pas hésité à avancer les frais médicaux en l'absence de Cyril. Même le boy de la maison a pris soin de m'apporter de quoi boire et manger (thé chaud dans une bouilloire, avec petite tasse maison, pain – confiture, etc).
Nous avons donc dû ajourner notre départ de Jaipur de 2 jours : adieux Pushkar et Jodpur, ma santé passe avant. Nous prenons donc maintenant le temps de préparer nos bagages (et oui, quand je peux pas faire la lessive... y a du retard !), nous partirons demain si tout va bien direction Agra.
Petite consolation pour moi, ma peau étant encore un peu sensible, c'est Cyril qui fait la lessive aujourd'hui pour la première fois du voyage... et aussi depuis qu'on se connait !
Désolée pour toutes ces tracasseries, mais un voyage c'est aussi ça : les pires moments de galère sont ceux qu'on raconte toujours en premier tant ils marquent nos esprits ! A lire également :
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