Faire le tour du monde, avec pour
uniques contraintes de temps celles des billets d'avion qui sont
réservés à des dates fixes (mais éventuellement
modifiables si besoin), c'est déjà un peu partir à
l'aventure. Mais en tant que parents responsables, nous sommes
jusqu'à présent restés dans une vie un peu
conventionnelle, pas tellement aventuriers à mon goût en
terme d'hébergement mais cela nous convenait. Appartement à
Pékin, guest house en Inde et à Hong-Kong, hôtels
à Bali et Melbourne. Ici en Tasmanie, nous vivons quelque
chose de vraiment différent.
L'ensemble des pays d'Asie que nous
avons visités étaient relativement bon marché en
terme d'hébergement (excepté Hong-Kong). Arrivant en
Australie pour un bon mois et demi, il nous fallait trouver un moyen
de ne pas dilapider toutes nos économies. Le camping en est
un, quoi qu'en France un petit carré de pelouse roussie de 9m2
coûte souvent presque aussi cher qu'une chambre d'hôtel
(si, si. Compter l'emplacement, le couple, les enfants, les douches
payantes dans certains cas, la voiture, etc.).
Le temps étant assez clément
en cet été austral, nous avons décidé à
Melbourne d'acheter une petite tente, histoire de faire de temps en
temps un peu de camping, pour le fun et le porte monnaie. Nous avons
trouver une rue qui ferait rêver les campeurs dans l'âme
tel que nous sommes. Imaginez, une rue avec des petites enseignes tel
le vieux campeurs à Paris, mais uniquement spécialisées
dans le camping ! Votre rêve s'exausse à Melbourne où
nous prenons plaisir à voir de nouveaux produits
ingénieusement conçus pour le campeurs. On aurait bien
acheté un tas de matériel plus ou moins réellement
utile. Car le principe du camping, du moins à son concept
originel, est de pouvoir avoir un hébergement et se préparer
des repas avec peu de moyens matériels.
En France, nous avons déjà
pas mal de matériel. Une tente six place (en 2 pièces +
avancée permettant de manger confortablement, sur une table
que nous n'avons pas...), des sièges bas, un réchaud,
de la vaisselle, matelas/duvets, etc. Pas fioritures, juste
l'essentiel. Enfin, ça nous rempli tout de même le
scénic quand nous partions en vacances. Du matériel
acquis au fur et à mesure de nos expériences de
campeur.
Tout un matériel que nous
n'avons pas à notre disposition ici en Australie. Mais le
camping sera pour nous à priori épisodique...
(enfin..., c'est ce que l'on s'est dit en achetant la tente). Nous
avons donc choisi une tente dont le critère financier était
le plus important, c'est à dire la moins chère. Une
tente toute simple, sans double toit, plus étroite que longue
(oui, un rectangle donc..), une tente qui, quand nous sommes passé
en caisse, l'hôtesse de caisse nous informe qu'elle n'est pas
vraiment étanche et qu'il ne faut pas camper sous la pluie ni
par temps autre que super beau.
- Oui, oui, pas de problème,
c'est pour les enfants, à mettre au fond du jardin pour leurs
poupées...
Autre chose ? Ben on a pas grand chose
d'autre pour faire du camping. Si, j'ai mon couteau suisse. Et trois
fourchettes récupérées dans l'avion. A
chouette... Mais c'est pas ça qui va nous faire dormir
confortablement, ni nous faire cuire de la viande ou chauffer une
soupe. Bon, on verra bien sur place, ok ?
Nous partons ainsi pour Hobart où
nous voyons nos plans se modifier par rapport à notre trip
vélo qui se fera finalement en voiture. Nous ne sommes
finalement pas déçus voyant les dénivellations
sur les routes. Et puis la voiture devient finalement un peu notre
chez-nous.
Des camping, il n'y en a pas une
quantité énorme en Tasmanie, mais on en trouve tout de
même. Un ou deux dans certaines villes. Rien à voir avec
les 70 campings présents à Argelès sur mer par
exemple.
Mais ils sont légèrement
différents par rapport à ce que nous avons pratiqués
en France (c'est à dire un bon paquet). Tout d'abord, les
emplacements sont généralement plus grand, ce qui a
pour effet de rendre notre tente plus ridiculement petite qu'elle ne
l'est en réalité. Quoi qu'en fait, à y
réfléchir, elle est p'être pas si peu ridicule
que ça... (double négation...). Et puis il y a
systématiquement une pièce (couverte ou non) équivalent
à une cuisine mise à disposition des campeurs (Camp
Kitchen). C'est super pratique pour nous, car notre tente étant
toute petite, elle ne nous permet que de dormir. Ensuite, n'ayant
aucun mobilier ou matériel pour cuisiner (à part 2
tassez métalliques et quelques couverts en plastiques achetés
dans un supermarché après notre première nuit en
camping), nous ne pouvons donc clairement pas profiter pleinement du
reste du terrain. Nous squattons donc souvent cette pièce,
pour les repas, et un peu après. Il y a souvent un frigo, une
bouilloire, un grille-pain, un évier avec eau chaude (pour la
vaisselle), des tables et chaises. Le dernier en date, à
Bicheno, était vraiment chouette : canapés, tout le
nécessaire de cuisine (poele, assiettes, verres, télé,
etc.) un véritable bonheur. Nous devions y rester une nuit,
nous y serons restés 3. Et le temps passé dans le
camping aura été à 100 % dans cette pièce
en milieu diurne. C'est comme si nous avions loué un mobile
home tout équipé. Bon, on y a rencontré deux
bretonnes super sympa, c'est surement ce qui nous y a fait rester
plus de temps que prévu. Parler un peu français, et
écouter Benabar, ça nous a fait du bien.
Et puis en dehors de ces campings, en
Tasmanie, il est possible de camper dans des zones dédiées
dans certains parcs nationaux, une sorte de camping sauvage sans
commodité (sauf toilettes sèches), mais officiellement
autorisé, et donc gratuit. L'accès y est autorisé
après avoir acquis une carte valable 2 mois permettant de
visiter les pacs nationaux.
Au delà de l'aspect financier,
camper dans la forêt ou au bord de la mer, dans un milieu
sauvage, nous donne un sentiment de liberté, tel un adolescent
souhaitant fuguer et imaginant dormir sous un pont, juste pour voir
ce que cela fait de dormir différemment, nous, nous avons pu
ressentir ce bonheur qui touche au plus profond du coeur. Nous avons
trop l'habitude de coller à des règles, ne pas arrêter
sa voiture sur un trottoir, ne pas dormir n'importe où, ne pas
pisser (dsl) contre un mur, ne pas faire ci, ne pas faire ça.
Ici, je ressens profondément ce petit adolescent encore enfoui
en moi avec son envie de fuguer qui peut enfin subvenir à ce
rêve de faire ce que bon lui semble. Bon, nous sommes deux
(enfin 4, mais 2 à décider ;-), mais je pense que nous
sommes dans le même trip Perrine et moi. Enfin j'espère
;-) Et pouvoir se dire, que finalement la plage que nous fréquentons
est belle et que nous souhaitons y dormir à proximité
plutôt que d'aller comme prévu initialement dans un
camping de la prochaine ville étape, c'est vraiment le pied.
C'est aussi une confirmation d'un
sentiment que j'évoquais dans l'article de bilan des 100
premiers jours. Nous disposons d'un moyen de transport qui nous
permet de décider comme nous l'entendons des destinations, du
temps passé à tel ou tel endroit, de la manière
dont on se déplace, de s'arrêter prendre une photo,
faire demi tour pour profiter d'un site qui nous a taper à
l'oeil. Bref, le road trip que nous effectuons ici en Tasmanie est
bien différent de ce que nous avons vécu jusqu'à
présent. Pas que nous regrettons ce que nous avons fait, loin
de là, mais cette diversité dans ce voyage est vraiment
géniale.
Faire du camping sauvage n'enlève
cependant pas certaines responsabilités (tel que pourrait le
faire comprendre l'une des phrase ci-dessus) et il convient de
laisser le site propre après notre départ. C'est
globalement le cas des voyageurs parcourant la Tasmanie, mais ça
n'est pas systématique, dommage. Il est cependant à
déplorer l'absence systématique de poubelles.
Souhaitant responsabiliser au maximum les campeurs en leur demandant
d'emmener leurs déchets avec eux, il devient dans certains cas
assez énervant de ne pas avoir une poubelle à porter de
main. En pleine forêt, ok, mais quand c'est en centre ville
dans un parc avec table de piquenique, ça en devient moins
compréhensible.
Ces zones de camping sont généralement
équipées de toilettes sèches uniquement. Pas de
douche donc. Nous avons cependant trouver une douche chaude dans un
bloc sanitaire sur le port de St Hélène, nous
permettant de dormir plusieurs nuits d'affilé dans ce genre de
campings sauvages.
Vous avez une tente. Ok, mais sur quoi
et dans quoi dormez-vous ?
Heu, ben on dort... dans la tente, ça
suffit pas ? Alors, en fait, nous utilisons (enfin) les duvets que je
transportais depuis le début dans mon sac à dos. 4
duvets de même taille, ultra léger (600g) et très
compact, mais donc utilisable qu'en climat modéré.
Confortables à 15°C, limite à partir de 11°C
selon les indications. La première nuits sur sols terreux,
nous a fait sentir le besoin d'acheter des matelas. Avec la voiture,
on peu se permettre de transporter du matériel, quitte à
le laisser sur place lorsque nous changerons de pays. Mais des
magasins de camping, il n'y en a vraiment pas beaucoup en Tasmanie,
une fois partis de Hobart. Ne trouvant rien, nous avons finis par
prendre des cartons dans un magasin alimentaire que nous disposons
sous nos duvets.
Je vous vois devant votre écran,
vous demandant dans quelle galère nous nous sommes embarqués,
à récupérer du cartons pour y dormir dessus.
Oui, même les sans-abris à Paris avec leur tente 2
secondes sont mieux équipés que nous (double toit).
Mais franchement, ce côté faire avec les moyens du bord,
et cette liberté, c'est un pur bonheur. Je l'ai déjà
dit ? C'est que ça doit être vrai alors !
Une nuit nous avons eu froid. Même
en groupant nos duvets 2 à deux tels qu'ils sont conçu
pour, nous n'avons pas réussi à nous réchauffer
suffisamment pour passer une bonne nuit. Nous utilisons donc depuis
une couverture de survie que nous disposons sous des cartons,
directement sur le sol de la tente afin de nous isoler thermiquement
du sol. La chaleur de nos corps, au lieu de se dissiper dans les
profondeur de la terre jusqu'à chauffer vos petits petons, est
alors ré-émise vers nous et dans la tente. Je ne sais
pas si ce sont les chaussettes ou ce film métallisé qui
est le plus efficace, mais nous n'avons plus eu froid depuis. Bon, je
crois que le temps c'est également réchauffé
depuis ;-)
L'autre élément qui nous
rend la vie de campeur sauvage un peu moins archaïque que cela
ne le laisse voir, c'est la mise à disposition dans toute les
villes et certaines aires de piquenique, d'un barbecue. C'est comme
ça qu'il appelle ça, mais en réalité, il
s'agit d'une plaque chauffante (carré de 50 cm de coté),
électrique ou à gaz, permettant de faire griller
viande, pain, chauffer de l'eau pour des soupes ou un thé.
Bref, faire un repas différent du simple sandwich froid.
Là encore, s'arrêter sur
une aire, y faire griller un bon gros steak acheté le matin et
y préparer ainsi le déjeuner, un pur régal. Cet
article traite essentiellement de l'aspect caming, pas réellement
de paysage, mais il va sans dire (ce sera détaillé dans
d'autres article, "no worries" comme ils disent ici) que le
camping ou le barbecue se fait devant une plage à l'eau
turquoise, ou dans une forêt luxuriante au milieu des
kangourous.
Bon, ok, j'arrête.
Désolé.
Mais je vous promets, la liberté
dans sa composante primitive, c'est quelque chose que nous ne
connaissons pas dans notre train train quotidien en France. Ici,
c'est ce que nous vivons au quotidien.
Surement dû au fait qu'étant
à l'autre bout de la Terre et les pieds en l'air donc, le
monde est à l'envers.
Depuis notre première nuit en
tente, il y a de cela 15 jours, nous ne dormons que sous la tente...
Et je crois que c'est pas près
de changer d'ici la fin de notre séjour Tasmanien.
A lire également :
Commentaires utilisateurs (3)
|
|
|