Lovina.
Un nom qui fait rêver. Qui me fait rêver rien que par la
sonorité. Cela signifie "I love Indonesia". D'un
point de vue touristique, Lovina est synonyme de possibilité
de voir des dauphins au large de la côte. Lovina est situé
au nord de l'Ile, sur la ligne médiane Balinaise. Lovina n'est
en fait pas une ville, mais un nom donné à un
regroupement de plusieurs communes. Avouez que c'est plus romantique
que Kalibukbuk ou
Bunutpanggang.
Nous
avions donc souhaité rester quelques jours dans ce paradis
Balinais.
La
réalité est davantage fidèle à Kalibukbuk
qu'à Lovina. Pourtant le potentiel est bien présent, du
moins en terme d'activités et surtout en terme de prestations
hôtelières... enfin encore pour quelques années,
pour les optimistes, quelques mois pour les autres. Se balader dans
les rues de Lovina fout un coup au moral. De nombreux hôtels et
restaurants qui jadis exposaient fièrement de somptueux
portails et devantures, sont maintenant fermés. Quelques fois
un écriteaux "For sale" (A vendre).vient confirmer
que ce n'est pas une fermeture saisonnière, mais belle et bien
définitive.
La
raison directe saute aux yeux. Parmi les touristes présents ce
jours sur la plage, il y a bien le couple de Néerlandais,
celui de Français, deux anglaises venues pour trois jours, et,
ah oui, nous quatre. Heureusement que nous sommes là, ça
permet de doubler les effectifs. Difficile de faire vivre un village
entier essentiellement tourné vers le tourisme depuis quelques
décennies avec la poignée de touristes que nous sommes.
Certes,
ça le fait d'avoir la piscine de l'hôtel rien que pour
nous quatre. Une piscine privée avec trois (grands) bassins en
nénuphar. Ils exagèrent, ils savaient pourtant que nous
venions à quatre... En quatre jours sur place, nous aurons été
toujours seuls dans cette piscine de rêve. Pourtant nous
n'avons pas visé le haut de gamme, jugez plutôt : 12 €
la nuit pour notre petite famille, petits déjeuners inclus.
Oui, il s'agit bien de douze euros. Pas de zéro oublié
à l'écriture de cet article. Côté
personnel, le ratio personnel/touriste ferait hérisser les
cheveux de Carlos Ghosn ou de n'importe quel actionnaire avide d'une
rentabilité immédiate. Notre repas est préparé
par cinq personnes en cuisine aidées d'une serveuse. Bon,
c'est quand même cette même serveuse qui vient prendre
les commandes et qui nous sert les plats. Le jardin tropical est
entretenu par une demi-douzaine de jardiniers qui coupent branches et
feuillages, récupèrent les noix de coco et
entretiennent la piscine. Le ménage est effectué par
trois femmes qui s'occupent également de balayer les allées
des feuilles et récupèrent les jolies fleurs déposées
par le vent pour préparer les offrandes. Quatre jours sur
place, et nous n'aurons vu passer que 7 personnes restant guère
plus de 2 nuits.
Notre
hôtel n'est bien sur pas le seul de Lovina. Il en existe une
bonne trentaine encore ouverts. Comment peuvent-ils survivre avec si
peu de touristes ? Ben justement, ils ferment petit à petit.
Le notre est dans une rue perpendiculaire à la côte, à
50 mètres de la plage. Une rue encore épargnée
par les fermetures. La rue parallèle au rivage, à 200
mètres de l'océan, n'a pas la même destinée.
90 % des hôtels et restaurants, dont on devine les ambiances
balnéaires jadis sympathiques, sont fermés, en friche,
abandonnés. Quelques boutiques subsistent, vendant boissons et
quelques gâteaux. Mais qui passe par ici ? Oui, nous. Bon, les
autres touristes doivent peut-être y aller également.
Nous n'en avons cependant croisé aucun. Qui peut donc faire
vivre ces familles balinaises ? A Kuta, le nombre de boutiques et
leur offre est assez impressionnant. Mais il y a des acheteurs
potentiels. Ici, on sent que l'offre a été très
importante à une époque. Elle est encore bien présente
dans certaines rues, mais la demande a clairement décidée
de se taire et de ne pas se montrer. Il est vrai que lorsque nous
souhaitons boire un petit verre, un jus de bananes pour les filles et
une Bintang pour moi (simple jus de houblon malté avec
quelques bulles ;-), nous sommes davantage motivés par un bar
donnant sur la plage, là où d'ailleurs 2 tables sont
déjà occupées que dans un bar donnant sur la
route où passe à toute vitesse voitures et mobylettes.
Certains bars tentent pourtant de résister. Pour combien de
temps ?
Si
vous recycler dans la restauration ne vous tente pas trop, peut-être
souhaiteriez-vous tout simplement acquérir une villa au bord
de l'océan. Nous avons eu l'occasion de voir plusieurs offres
disponibles dans un restaurant. Je vous l'annonce tout de suite, il
faut cependant être milliardaire. La prestation fait rêver.
Les photos présentées également. Imaginez une
piscine de 60 m2. De part et d'autre, 2 bâtiments. En face, la
villa principale, 350 m2 habitable. Dans chacun des bâtiments,
chambres et salles de bain privées, idéal pour recevoir
des amis. Dans la villa, la famille pourra loger dans les 5 chambres
doubles. Toutes avec salle de bain privative, un grand séjour
avec cuisine américaine, un grand salon. En rez de chaussé,
une pièce toute en longueur, face à la piscine, accueil
un gigantesque bar, idéal pour y placer un billard. Le jardin
est luxuriant, le portail, digne d'un château. Il faut être
milliardaire pour pouvoir espérer se payer une telle villa à
Bali. Pas moins de 1 600 000 000 Roupia vous seront nécessaires
pour vous en porter acquéreur. Ce n'est que lorsque vous
convertirez en Euros, que vous viendront les plus merveilleuses idées
de nouvelle vie ou de business. Pour cela, il faut diviser par... 15
000 ! La villa devient tout d'un coup accessible pour bien moins cher
que le prix d'un terrain à bâtir de 1000 m2 en région
parisienne, sans maison, sans piscine. Avec comme axiome de départ
cependant : le fait de considérer que Orléans, c'est en
région parisienne. Oui, à 110 000 Euros, on a pas grand
chose en France. Ici, on a l'embarra du choix, comme nous pouvons le
voir sur les nombreuses annonces disponibles derrière la
vitrine d'une agence immobilière de Lovina. Les prix sont
presque aussi bas, les photos toutes plus belles les unes que les
autres.
Pourquoi
tout le monde fuit Lovina ?
L'un
des 15 vendeurs ambulant nous accostant dès notre première
sortie à la plage me dira que son business de vente de
coquillages ne marche vraiment pas bien. Et cela dure depuis 2002,
date à laquelle une bombe explosa à Kuta. Pourquoi un
touriste bouderait une ville, un pays, sous prétexte qu'une
bombe y a un jour tué ? Imaginez que Paris soit boudée
ainsi depuis 1995 ! Parmi les quelques touristes, seuls ceux qui
viennent pour la première fois à Bali achètent
quelques souvenirs, précise le vendeur ambulant. Les habitués
ont déjà fait leurs achats quelques années
auparavant. Comment lui dire que pour nous, c'est la première
fois que nous venons, mais qu'il est hors de question d'emporter dans
nos bagages un coquillage. Trois jours plus tard, nous nous
porterons acquéreur de 3 petits pendentifs, plus pour
participer à la vie économique du village que par
besoin. Les filles sont cependant contentes de ce nouveau bijoux,
acheté après d'âpres négociations à
75 000 Roupia (5 €) l'un quand quelques minutes plus tard, 3 ou 4
autres vendeurs nous proposent les mêmes pour 5 000 Roupia
pièce. De prime abord, rageant. Mais ce sera notre modeste
contribution à mettre un peu de beurre dans ses ép...
son riz.
Venez
donc tous visiter Lovina, sa plage, ses dauphins, son océan
et, heu, ses mammifères à aileron, ceux à
nageoires, sa mer, son sable, ses coquillages et ses cocotiers !
Histoire de redonner vie à cette station balnéaire qui
a maintenant des allures de village fantôme.
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